Ana oua ana, moi je. Intarissable, il se croit intéressant. Si vous avez une histoire à raconter, attendez-vous à avoir la sienne en retour. Votre poisson pêché fait trois kilos, ouine ibane
devant le sien. Vous avez fait l'autoroute Oran-Alger en 3 heures, lui en deux heures il prenait son café au «Tontonville». Rien ne le rebute, ni le mensonge ni le ridicule, il croit ce qu'il dit
et il dit ce qu'il imagine.
Si son histoire laisse des traces, il met en valeur une prétendue connaissance pour vous empêcher de vérifier. «Ila tu ne me crois pas, flène pourrait te le confirmer». Il place la barre
au-dessus de la vôtre pour enterrer votre récit, pour se donner l'importance dont il est démuni.
Avec son ana oua ana, moi je, à chaque entrée de phrase, par ses récits racontés, il a cent ans... il a tout vu et tout vécu.
Que fait-il dans notre société, cet être comblé à la naissance par la science infuse ? Il conteste les lois établies par les éminents scientifiques. Il savait où allait frapper le tsunami après
le tremblement de terre qui a dévasté l'Asie, bien avant Copernic il savait que la terre était ronde. Au départ, il savait que l'équipe nationale allait rater sa qualification au premier tour de
la CAN.
Il comble sa vie insignifiante en nous labourant les oreilles, bref ! Il nous enquiquine pour ne pas dire autre chose !
Son espèce ne sera jamais en voie d'extinction. Pour perpétuer l'outrage, il fait manger à ses enfants le fruit pourri de son imagination, ainsi naît la génération nouvelle des «moi je» qui nous
écraseront les groseilles encore longtemps avec des tas d'histoires nouvelles à dormir surtout.